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Photo du rédacteurTantie Martina

10 tissus traditionnels africains à connaître - part 1

L'Afrique est un vaste continent qui abrite des milliers des nations et étniques différentes. Chacune de ces nations, chaque étnique a sa propre langue, culture, foi, tradition et mode de vie. De même, la façon dont les peuples de ces nombreuses nations s'habillent varie beaucoup. C’est pourquoi, lorsque nous parlons de tissus traditionnels africains, il pourrait s’agir d’une variété de tissus conçus par les africains avec une technique propre à eux et une histoire culturelle qui se cache derrière.


TEINTURE SUR LE BLOC DE TOILE


La FORÊT SACRÉE (Guinée Conakry)


«Forêt Sacrée» est une technique de teinture à base de décoctions d'écorces et de noix de kola. Elle se pratique en Guinée Forestière et en 2 temps, d'abord la teinture de fond de l'étoffe ensuite sa décoration avec des impressions toujours noires faites au moyen de tampon. Aujourd’hui, le métier de teinturier  « Forêt Sacrée » est l’un des petits métiers typiques de cette région, à la portée de tous, sans distinction ethnique, sociale ou de genre. La tradition veut que l’on honore les dignitaires et personnalités de passage en Guinée Forestière d’un boubou ou d’un pagne « Forêt Sacrée ». Découvrez-en plus dans le blog spécialement dédié à ce tissu.


La femme en robe de Forêt Sacrée

Il est fabriqué de manière artisanale, mais ces dernières années, lorsque ce motif est devenu très moderne, des tissus produits industriellement sont également sur le marché.


Le BOGOLAN (Mali)


Différents modèles de Bogolan

Le bogolan est originaire du Mali mais il est aussi confectionné au Burkina Faso, en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Il est perpétué par les traditions des ethnies Sénoufo, Dogon, Malinké et Bambara. Le terme « bogolan » désigne à la fois le tissu et la technique de teinture, et signifie «fait avec la terre» «fait avec de la boue» en bambara. Il  est  fabriqué de manière artisanale, le coton tissé est trempé dans une décoction de feuilles d’arbres contenant une forte concentration de tanin, afin d’être teint. Certains toiles ne se teignent pas du tout. Les motifs sont ensuite réalisés avec de la boue à main levée.



Ce type de teinture a également largement été diffusé dans le monde, grâce aux créations du styliste Chris Seydou Doumbia dans les années 1980. Dans les années 2000, les tissus bogolan sont exportés dans le monde entier.

Plusieurs stylistes africains mettent à l'honneur ce tissu dans leurs collections : les maliens Chrys Seydou et Mariah Bocoum, l'ivoirien Gilles Touré, la ghanéenne Aisha Obuobi et la sud africaine Awa Meité van Til.

Le sénégalais El Hadji Malick Badji a créé plusieurs modèles de baskets en cuir et en bogolan.

Le designer ghanéen a créé des chaises avec des assises recouvertes de bogolan.

Des stylistes occidentaux se sont inspirés aussi de cette étoffe pour leurs créations comme l'américain Oscar de la Renta en 2008 et la marque italienne Marina Rinaldi en 2013.



Aujourd'hui, le Bogolan est toujours fabriué de manière artisanale, mais majorité de la production de cette modèle est fabriqué industriellement en qualité d'un tissu wax.


Le tissu ADINKRA (Ghana)


Les Adinkra sont des symboles originaires du Ghana qui représentent des concepts ou des aphorismes. Ils ont été créés à l'origine par les peuples Akan.

Les Adinkra sont largement utilisés sur les tissus, en poterie, en sculpture sur bois et dans les logos. Ils sont souvent incorporés dans les murs ou d'autres pièces architecturales. Les adinkra sont généralement produits via la gravure sur bois ou la sérigraphie. Ils peuvent être utilisés pour communiquer des messages liés à la vie privée d'une personne ou de ceux qui l'entourent. Les symboles adinkra apparaissent sur certains poids-or Akan traditionnels, ainsi que gravés sur des tabourets à usage domestique ou rituel. Le tourisme a entraîné de nouveaux usages des Adinkra, sur des objets comme les t-shirts ou les bijoux. Ils sont également une inspiration fréquente pour les tatouages.

Les symboles Adinkra sont parfois considérés comme une forme d'écriture, réfutant l'idée que les peuples africains ne possédaient pas de système d'écriture avant leurs contacts avec les Européens.


Certains des symboles Adinkra et leur signification

Les vêtements Adinkra étaient traditionnellement portés par les membres des familles royales et les guides spirituels à l'occasion des funérailles et d'autres occasions rares. Encore aujourd'hui, il s'utilise principalement pour les occasions spéciales.

Le plus ancien tissu adinkra connu comportait quinze symboles différents, notamment des nsroma (étoiles), dono ntoasuo (doubles tambours Dono) et des diamants. Il est aujourd'hui conservé au British Museum.


Timbre d'Adinkra - British Museum

Traditionnellement, les motifs sont créés à l'aide de tampons creusés dans des calebasses et d'une teinture végétale. Les tampons en calebasse mesurent 5 à 8 cm2, comportent une poignée au dos, et le tampon lui-même est légèrement incurvé de sorte que la teinture puisse être appliquée en un mouvement de bascule. L'impression se fait à la main sur du tissu en coton brut naturel tissé à la main. Les motifs sont appliqués en rouge, brun ou noir selon l'occasion et le statut de la personne portant le vêtement.


Fabrication de tissu Adinkra, Ntoso, Ghana

Le pigment sombre aduro, utilisé pour l'impression au tampon et fabriqué à Ntonso, est obtenu à partir de l'écorce interne et des racines de l'arbre bridelia qui sont trempées dans l'eau, broyées et bouillies au feu de bois. Une fois la couleur sombre libérée, le mélange est filtré, puis bouilli encore pendant plusieurs heures jusqu'à épaissir.

De nos jours, les tissus et vêtements Adinkra sont fréquemment produits en masse et sur des tissus de couleurs plus vives. Cependant le village de Ntonso, au Ghana, à 20km au nord de la ville de Kumasi, reste un centre de production traditionnel de tissu Adinkra. La Côte d'Ivoire est également un producteur important.


Le SAMAKAKA (Angola)


Le Samakaka ou Samacaca est basé sur des symboles d'une tribu appelée Mumuila, située dans le sud de l'Angola. Les Mumuilas ne portent généralement pas de vêtements, ils utilisent des tissus avec des couleurs vives et beaucoup de symboles pour couvrir les parties intimes. Le tissu utilisé pour conception de Samakaka d'aujourd'hui est le Wax (teinté à l'aide de cire). Néanmoins, ce sont les angolais qui ont donné naissance au Samakaka, le motif Samakaka reste une invention de cette tribu. Pour mieux en savoir sur son origine, il y a lieu de s’intéresser à son processus de fabrication.


Tissu SAMAKAKA

En terme de couleur, l'imprimé Samakaka présente toutes les couleurs du drapeau angolais, qui sont: le noir qui représente le continent africain, le rouge en raison du sang versé par les vies perdues et vivantes de ceux qui ont lutté pour le mouvement anti-colonisation et le jaune symbole la richesse du pays. Même si le Samakaka se décline aujourd’hui sous d’autres couleurs telles que le bleu, le rose, le vert, l’orange… Les motifs du tissu sont faits à partir de formes géométriques (rond, triangle, rectangle, losange, trapèze) disposées de manières symétriques.


Le DASHIKI (Nigeria)


"Dashiki" est une expression empruntée au terme ouest-africain de Yoruba « danshiki » qui fait référence à une courte tunique sans manches portée par les hommes. Les Yorubas ont emprunté le mot aux Hausas « dan ciki » (littéralement "dessous"), qui fait référence à une tunique courte portée par des hommes sous de plus grands boubous.

Le tissu du dashiki est imprimé selon la technique traditionnelle du batik. Cette technique exerce une forte pression sur des plaques et rouleaux gravés et perforés, l’encre et la teinture sont appliquées précisément sur l’étoffe afin d’imprimer les plus petits détails3. Le principe du batik consiste à dessiner sur le tissu le motif final à reproduire (cette opération n'est pas indispensable); à protéger des zones du tissu contre la coloration par l'application de la cire chaude ; à appliquer des couleurs par trempage dans des bains de teinture ou en appliquant des teintures directement sur le tissu ; à recommencer les opérations deux et trois successivement pour chacune des couleurs en allant des couleurs claires aux plus foncées; à ôter la cire, soit avec un fer à repasser, soit par trempage dans l'eau bouillante.


Comme le tissu Samakaka, le tissu uttilisé pour pour concevoir de Dashiki d'aujourd'hui est le Wax (teinté à l'aide de cire).


Tunique Dashiki

En l'année 1963, le designer de Vlisco, Toon Van De Manakker, s’inspire d’un modèle de tunique portée par les femmes nobles en Éthiopie au XIXe siècle, pour créer un nouveau motif de batik resté populaire jusqu’à ce jour pour ses détails incroyablement élaborés et ses vibrants motifs floraux. Dans les années 1970, lorsque l’imprimé devient très populaire, la chanson intitulée «Angelina» de la formation ghanéenne Sweet Talks & A.B. Crentsil passe souvent à la radio. Aussi à cette époque, «Angelina» désigne le dashiki dans certains pays ouest-africains, comme le Nigeria, le Togo, le Bénin et le Ghana. Ce tissu a d’autres surnoms, comme «AddisAbeba», «Mashallah», «Ya Mado», «Miriam Makeba», etc. Il existe différentes raisons pour l'origine de chaque surnom. Quand la société Vlisco distribue ses tissus dans toute l’Afrique centrale et occidentale, le consommateur du produit peut nommer le tissu qu’il achète, par exemple, Masallah est parmi les premières personnes à apprécier ce modèle en particulier et à l'acheter. En décembre 2014, le célèbre chanteur congolais Fabregas publie la chanson «Mascara». Le chanteur congolais et son groupe arborent des chemises à motifs traditionnels «dashiki». Le tissu est rebaptisé «Ya Mado» par la rue congolaise, du nom de la danse qui accompagne la chanson. Depuis le décès de la chanteuse et activiste sud-africaine Miriam Makeba, au Congo, ce tissu porte également son nom, car elle figure parmi les premières personnalités à arborer ce tissu. Bien que les tissus utilisés pour fabriquer dashiki aient des noms différents, si vous voulez que tout le monde sache de quoi vous parlez, vous devriez probablement adopter le nom dashiki. Bien que le dashiki soit d'inspiration africaine, le symbolisme qui leur est attaché est en réalité enraciné aux États-Unis. Le dashiki est apparu sur la scène de la mode américaine dans les années 1960 quand il a été adopté par les mouvements de fierté noire et de contre-culture blanche. Le symbolisme du dashiki est une façon de dire: "je suis beau, le noir est beau, mon héritage est magnifique". Aux États-Unis, le dashiki est le plus porté au mois de février, le mois de l’histoire des Noirs. Dans la culture yoruba, certaines couleurs de dashiki représentent différentes émotions et événements, par exemple, les dashikis blancs traditionnels étaient portés par les mariés le jour de leur mariage.

Bien que souvent portés par les hommes, les styles du dashiki sont adoptés par les femmes et apparaissent dans des robes à la cheville ou mi- mollet, créant ainsi une jolie tenue pour hôtesse ainsi que pour la plage. Gracieuse et modeste, une robe de style dashiki offre à la fois confort et séduction. Relâchée et fraîche par temps chaud, une robe dashiki ou dashiki peut être associée à un pantalon ou portée par-dessus une chemise à col tortue par temps froid.


Beyoncé en Dashiki

Aujourd'hui, le dashiki sert non seulement de vêtement, mais également de communication culturelle dans le monde entier. Les gens peuvent le porter pour une cérémonie de danse, de mariage ou de remise des diplômes; le dashiki peut également être utilisé comme un symbole pour montrer leur fierté et leurs racines africaines au Mois de l'histoire des Noirs, aux célébrations du Kwanzaa.


Le Batik Guinéen aka LEPI (Guinée Conakry)


Pagne indigo est l’un des pagnes traditionnels de la Guinée appartenant à la région de la moyenne guinée (Fouta) l’une des régions naturelles du pays. Il est réalisé de deux manières - batik ou tissage de train déjà teint. En Guinée les deux méthodes sont appelées LEPI.


Lors de la fabrication de ce tissu par batik, le tissu est d'abord noué ou tiré avec des fils. Parfois, ils utilisent de la cire. Ou le résultat du batik est une combinaison de plusieurs méthodes la combination de la trois Il est ensuite teint dans une extraite des feuilles et des tiges d’un arbuste appelé “indigotier”. C’est cette couleur bleue foncée qui lui confère ce surnom. Le terme indigo vient du latin “indicum”, signifiant “de l’Inde”. Parfois l'indigo se mélange avec d'autres colorants. .Les motifs sur les assiettes sont variés et dépendent des compétences et de l'expérience du teinturier.


LEPI batik à l'aide de nœuds

Sur le continent, deux plantes indigotières sont très utilisées : l’Indigofera Arrecta et le Lonchocarpus Cyanescens. La première pousse dans des zones sèches et donne un bleu que l’on nomme «bleu des savanes», tandis que l’autre, très répandue en Afrique de l’Ouest, donne un bleu différent surnommé « bleu des forêts ». Les feuilles récoltées sur ces plantes sont d’abord préparées pour la décoction avant la teinture. Elles sont utilisées fraîches ou séchées, puis sont compactées en boules et pains de pâte. Ces dernières sont ensuite diluées dans de grandes cuves. C’est d’ailleurs dans ces cuves que l’étoffe sera teinte.


LEPI batik ciré

Dans le cas d’une couleur à base de feuilles fraîches, on plonge ces dernières dans une cuve d’eau chaude à laquelle on ajoute de la chaux ou des cendres. La mixture va décanter. Les teinturiers rajoutent au fil des jours des ingrédients sucrés comme du miel, des dattes ou de la mélasse. Ces ingrédients vont, par réaction chimique, améliorer la qualité de la teinture.

Le tissu en coton est ensuite plongé dans le mélange. Le temps de trempage varie en fonction de la nuance de bleu souhaitée. Le procédé peut prendre plusieurs semaines. Une fois bien imbibé, le tissu obtient sa couleur bleue au contact de l’air, par une réaction d’oxydation.

Le processus de fabrication de la teinture indigo est généralement similaire pour chaque région. Toutefois, on note des différences entre région et même entre familles d’une même village. Chaque ethnie possède son propre secret de fabrication, permettant de rendre leurs teintures plus subtiles et surtout uniques.


Deux femmes en LEPI batik

Malheureusement, aujourd'hui le plus grand producteur du tissu dit africain est la Chine. L’importation de tissus chinois en Afrique a eu un impact trés négatif sur l’industrie textile locale. Les syndicats africains du secteur textile ont tenu une conférence en ligne dédiée à la relance de la filière locale où les échanges ont notamment mis en exergue le problème persistant qu’est la concurrence causée localement par des importations illégales d’habillement venant de Chine. Les importations illégales d’habillement à bas prix venant de Chine ont menacé l’industrie textile africaine, en particulier au Nigéria, en Ouganda et au Ghana. Les importations illégales de textiles chinois ont également affecté les petits artisans africains, en particulier les filateurs locaux qui alimentaient les tisseurs d’Afrique sub-saharienne. Les clients qui dominaient l’industrie textile ont commencé à s’approvisionner par le biais d’importations de textiles chinois de qualité inférieure et bon marché, ce qui a brisé l’échine de l’industrie textile.





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